« Qui crée la loi, crée la magouille », dit, paraît-il, un proverbe espagnol.
Cela s’entend des règlements étroits dont l’application ne laisse aucune place à la « personnalisation », à la prise en compte des situations particulières. Ce type de règles implique immanquablement l’inflation des contrôles et des surcontrôles qui déresponsabilisent tout le monde.
Pour illustrer ce propos, nous reproduisons ci-après la lettre adressée par un patron à ses collaborateurs.
TOM est ingénieur électronicien, cadre d’une importante société américaine, spécialisée dans les radars. Résidant à Bruxelles, il a été envoyé de toute urgence en Norvège, au delà du cercle polaire, pour réparer une station radar de l’OTAN.
A son retour, il a envoyé sa note de frais à JERRY, contrôleur de la société au siège social de Dayton (Ohio).
JERRY lui a renvoyé la lettre suivante:
« Mon cher Tom,
J’ai bien reçu ta note de frais de 1.540 dollars pour ton voyage en Norvège. Je ne puis malheureusement pas prendre en charge l’achat de bottes fourrées d’un montant de 50 dollars. Les règles de la compagnie sont formelles: pas de remboursement d’articles vestimentaires (article 384 de notre bible). Je suis navré car je me rends compte que tu as dû partir précipitamment et que les bottes fourrées n’étaient pas du luxe, là où tu t’es rendu. Je ne puis malheureusement pas faire d’exception.
Merci de me rédiger une nouvelle note de frais que je te rembourserai par retour. A bientôt et bien à toi ».
(Signé JERRY).
JERRY a reçu, par retour du courrier, une nouvelle note de frais exactement du même montant que la précédente, à savoir 1.540 dollars, accompagnée du petit mot suivant:
« Mon cher JERRY, trouve les bottes ». (Signé TOM).
Si je vous raconte cette histoire, mes chers amis, c’est pour vous faire comprendre mon point de vue sur le problème des frais de réception et de restaurant.
Je ne veux pas dans notre groupe de règles strictes, d’article 384 de la bible. Recevez fastueusement s’il le faut, les fournisseurs et les clients grâce à qui vous gagnez bien votre vie. Ne lésinez pas dans ce domaine. N’hésitez pas et surtout ne craignez pas de mettre ces notes de restaurant dans vos frais. Mais, pour votre santé, comme pour votre dignité, ne cherchez pas, chaque semaine ou même chaque jour, un prétexte commercial pour votre repas de midi. Ce n’est ni sérieux, ni convenable.
Je n’ai pas envie de chercher les bottes. Bien à vous.