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Olivier LECERF : le métier de dirigeant

L’attribution récente du Prix Olivier Lecerf est aussi l’occasion de redécouvrir le grand dirigeant que fut Olivier LECERF à la tête du Groupe LAFARGE  entre  1974 et 1989. Il y fut notamment l’inspirateur des « Principes d’Action » véritable plateforme culturelle commune de l’entreprise. Pendant cette période, le cimentier essentiellement hexagonal devint un Groupe diversifié puissant, présent sur tous les continents, classé 235 ème entreprise mondiale. Dans un livre d’entretiens  publié en 1991, « Au risque de gagner », ce patron aux convictions fortes parle sans langue de bois de son métier de dirigeant. Près d’un quart de siècle plus tard, on ne peut qu’être frappé par la pertinence de ses réponses à nombre de questions qui restent d’actualité. En voici quelques unes, révélatrices de la conception humaniste de son métier :

OL au risque de gagner

Dans la vie des hommes je crois qu’il faut distinguer ce qui est important de ce qui est essentiel. Ce qui est important c’est la politique, l’économie, la science ou l’entreprise. Ce qui est essentiel, c’est l’homme, sa destinée, la vie, la mort. en avançant dans la vie, je trouve cette distinction capitale. Ce n’est pas à l’entrepreneur, pas plus qu’à l’économiste, de décider de ce qui doit faire le bonheur des hommes.

Rendre chacun responsable, c’est donner à chacun des espaces de liberté…Il n’y a pas antinomie entre l’idée de performance et celle de liberté, à cette réserve près que le mariage des deux pose des problèmes d’organisation et de contrôle.

L’entreprise est au service de l’homme et non l’homme au service de l’entreprise, mais c’est le progrès économique qui rend possible le progrès social.

La première qualité d’un chef d’entreprise c’est de remettre en cause l’ordre établi. On ne peut pas être dirigeant d’entreprise sans un peu de folie dans la tête et une certaine dose d’optimisme sur la possibilité de changer le monde.

Le problème, ce n’est pas de gagner de l’argent. Les vraies questions sont : comment le gagne-t-on ? Qu’en fait-on après ?

Je mets de côté trois qualités qui sont indispensables à tout candidat à un poste d’encadrement mais qui ne font pas pour autant un chef : l’intelligence, les compétences techniques et managériales et la résistance physique et nerveuse. L’essentiel est ailleurs. C’est d’abord la connaissance des hommes. Un certain art d’écouter et de comprendre les autres pour trouver ensuite les mots qui touchent et qui motivent.

La deuxième qualité ex æquo avec la première est l’autorité personnelle…Elle est reconnue par les autres ou elle n’existe pas. C’est un don de la nature enrichi et dévoilé par l’éducation et par l’expérience. J’ajoute que l’autorité personnelle dépend largement du système de valeurs de celui qui commande…Les hommes et les femmes accordent de plus en plus d’importance à la dimension morale des individus qui les commandent.

La première vertu du dirigeant est le courage : c’est le levier de l’action. La deuxième est la prudence, c’est la condition de la pérennité. La troisième est la justice, condition de la paix sociale.

Je crois au combat permanent du bien et du mal, dans le monde comme en chacun de nous. Le capitalisme n’est ni du côté du bien ni du côté du mal. Il est neutre. C’est un système économique. Confiez-le à des prédateurs, il devient source de mal. Confiez-le à des hommes vertueux, il devient source de bien.

Comment voulez-vous diriger des hommes et des femmes si vous les choquez par le cocktail explosif de votre inculture et de votre amoralité ?

Pour moi, la finalité de l’entreprise est de créer des richesses. Le profit n’est pas un but, c’est la mesure du succès et la condition de la pérennité…Le mot clé, c’est le mot création.

Si vous n’avez pas confiance dans vos collaborateurs directs, c’est que vous les avez mal choisis et que vous êtes un mauvais dirigeant.

J’ai acquis la conviction que les dirigeants performants sont ceux qui sont connus ou perçus comme se référant dans leur action à un système de valeurs, même si celui-ci n’est pas affiché.

Il y a une règle absolue en matière de recrutement et de gestion des ressources humaines. Une entreprise ne peut attirer les talents que si elle peut prouver qu’ils s’épanouiront mieux chez elle que chez les concurrents.

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